L'HUMANOLOGIE c'est quoi ?
L'HUMANOLOGIE a pour moi un sens double:
Je pensais avoir inventé ce néologisme il y a une quinzaine d'années, il fait partie de textes réunis dans une enveloppe « Soleau » déposée à l'INPI à Paris et je l'utilise souvent depuis.
Mais plus récemment ce terme émerge d'une manière concomitante dans diverses publications ce qui évoque son adéquation à notre contexte.
Il figure dans mon intervention faite au colloque de «l'Université citoyenne» qui s'est tenu à Lyon en 2002 Et aussi dans mon mémoire de fin d'étude du DEA en Sciences Cognitives de 2005
Dans une nouvelle Bernard Weber utilise le terme « humanologie » comme intitulé d'un cours suivi par des étudiants dieux. Pourquoi réserver cette connaissance aux seuls dieux potentiels ?
Toute l'Humanité pourrait en profiter !
Daniel Bloch en donne une
« Définition courte »
L’humanologie s’autodéfinit science de l’humain, comme la sociologie est la science des sociétés, la psychologie celle du mental, la biologie celle de la vie…
Cette nouvelle science aura besoin d'êtres humains courageux, lucides, visionnaires.
Il lui assigne un
Le développement actuel de l’humanité ne se fait pas de manière optimale. De nombreuses guerres, des famines endémiques et d’autres catastrophes endeuillent inutilement le genre humain. Les grandes organisations internationales sont trop souvent paralysées par les conflits entre les États. Les individus doivent donc se relier mondialement pour faire avancer les choses et ils doivent disposer d’outils leur permettant de comprendre le monde dans lequel ils vivent.
L’humanologie doit devenir l’un de ces outils, car les Sciences Humaines actuelles ne prennent pas l’humanité comme un objet d’étude spécifique.
Et toujours Daniel Bloch en donne sa
« Description de l’humanologie »
Avant d'analyser l'Homme et son évolution et afin de mieux les comprendre, il me semble préférable de définir préalablement ma nouvelle approche du phénomène humain, démarche que je dénomme humanologie.
Cette science de l'humain se veut globale (holistique), dynamique (intégrant les changements et l'évolution), bipolaire (contenant deux pôles)...
Ses postulats de base sont :
— unité et de la vie, l'espèce humaine y compris;
— globalité des phénomènes;
— deux pôles humains en interaction perpétuelle : individu - humanité.
Cette nouvelle approche évite d'analyser le phénomène humain de manière seulement ponctuellement et localement. Le terme d'humanologie propose aussi une logique de l'humain, en complément des logiques industrielles, scientifiques, écologique, etc. Les droits de l’Homme, la défense de l’Environnement terrestre sont des exemples humanologiques. L’humanologie annonce scientifiquement le Règne humain, qui devient un nouveau stade évolutif du vivant, et qui dépasse nettement le monde animal. En effet, il apparaît évident qu’un saut qualitatif s’opère sous nos yeux. L’humanité devient autre chose qu’une immense fourmilière… »
Ceci se rapproche d'un courant d'opinion significatif de notre temps dont je me réjouis et donne quelques exemples.
Un lien est fait par
Pauline COUTEAU (cnrs) entre pensée occidentale et japonaise:
Les trois essais auxquels nous nous référons sont au coeur de la recherche “humanologique” que mène Watsuji. Le terme “humanologie” traduit ningengaku 人間学. Il se distingue de l’anthropologie, jinruigaku人類学 et de la psychologie, shinrigaku, 心理学 car il se rapporte à la manière qu’a l’humain d’exister avec son milieu. En effet, l’humain, dont la racine indo-européenne gen- signifie « né de la terre » se rapproche davantage de l’acception médiale qui est au coeur de la philosophie de Watsuji. ...
À tous égards, l’intérêt de Watsuji pour la tradition théâtrale japonaise nous fournit des clés pour mieux saisir la richesse philosophique de ces courants, généralement peu étudiés en France.
D'autres sphères scientifiques prennent conscience du besoin de faire émerger une conscientisation humanologique:
Docteur Marc GANEM Président de l'Association Française de Sexologie Clinique:
« Nous continuons d’assister, jour après jour, dans les médias, à un déferlement d’actions, concertées ou non, concernant notre planète. Il est de notre devoir citoyen d’y participer à notre niveau et quotidiennement.
« Cependant, nous avons souhaité le Docteur TROUSSIER et moi-même, dans le cadre de la Chaire UNESCO «SANTE SEXUELLE ET DROITS HUMAINS» créer le terme d’«humanologie» qui pourrait être le pendant du terme «écologie».
« En effet, à quoi servirai-t-il de sauver la planète si nous ne sauvons pas les humains qui y habitent.
« Les humains sont-ils si en danger que cela ? La réponse est d’évidence OUI. »
En quoi les Humains sont-ils en danger ?
Nous sommes dans un moment magique de l'histoire du monde parce que nous prenons enfin conscience de ce que nous vivons dans un monde dont les ressources sont finies.
C'est donc toute la problématique du Développement Durable qui surgit et de plus nous prenons conscience que les humains sont devenus capables de détruire la planète ou à tout le moins la vie par l'utilisation de l'arme atomique.
Mais quel est le danger essentiel?
C'est que l'utilisation de notre intelligence ne soit pas orientée vers le bien-être Humain.
Quelles sont donc les conditions pour que le potentiel énorme de connaissances de notre intelligence développées au cours des trente dernières années par l'évolution fulgurante des neurosciences soit orienté vers cette Humanologie.
La tragédie de notre époque, la voici :
Ce n’est pas que les Hommes soient pauvres – tout le monde a sa part de pauvreté.
Ce n’est pas que les Hommes soient méchants – qui est vraiment bon ?
Non …… C’est que les Hommes connaissent si peu les autres hommes...
Citation de w.e.b. dubois par Jacques Igalens .
Une science de l'Humain qui transcende les cloisonnements entre disciplines disparates des sciences humaines a le mérite de clarifier cette unité de l'homme qui est revendiquées par quelques auteurs depuis plusieurs dizaines d'années.
Ce combat de transdisciplinarité est celui d'Edgard Morin mais aussi de quelques autres esprits éclairés.
La transdisciplinarité est radicalement différente des autres concepts de pluri ou multidisciplinarité par la caractéristique d'émergence de nouvelles conceptualisations par l'interaction des points de vues qui ne se contentent pas de s'additionner ou de se compléter.
Certaines réflexions sur le besoin de transdisciplinarité dans les études surtout universitaires sont régulièrement évoquées dans des colloques même s'il subsiste une étrange et prégnante « tyranidisciplinarité » facultaire arque-boutée aux saucissonnages d'Auguste Comte datant du 19 ièm siècle. Sa statue est toujours bien en vue place de la Sorbonne à Paris.
Les doyens et autres mandarins ne sont guère enclins à renoncer à leurs prérogatives et à leurs budgets même si ce sont d'anciens soixantehuitards !
Cette émergence d'une perspective holistique de l'Humain apporte un potentiel considérable de compréhension de soi et de l'autre qui ouvre un champ d'action dans le respect des besoins et des limites des populations présentes futures et du monde fini dans lequel nous évoluons.
L'HUMANOLOGIE pour quoi ?
Le « génie humain » peut concevoir et mettre en oeuvre des solutions cohérentes aux défis auxquels notre monde actuel est confronté SI et seulement SI il y a une conscientisation de ces défis, de ces solutions et de l'indispensable implication de chacun dans la mise en oeuvre concrète.
Le développement durable ne peut se décréter, l'intérêt immédiat de chacun de nous s'y oppose.
Ce n'est qu'en élargissant le « cadre de perception » d'une fraction significative de la population mondiale que le respect des limites des potentialités finies de notre planète pourra être respectée.
Dan sa théorie des actes Abraham Moles, d'abord ingénieur mais surtout principal concepteur de la micropsychologie démontre très scientifiquement ce préalable indispensable d'élargissement du cadre de perception pour « motiver » mettre en mouvement une personne qui agit en fonction de ce qu'elle perçoit de son « économie » physique et surtout mentale .
L'Humanologie se veut à la fois globalisante et se réfère à la systémique et en même temps ce qui n'est absolument pas contradictoire aux micro-comportements individuels surtout dans les interactions individuelles.
Cette approche tant globale que microscopique est humanolo-gique puisque c'est l'ensemble de tous nos comportements physiques et mentaux tant perceptions, pensées, sentiments, pulsions et actions qui sont sous la dépendance de notre cerveau.
L'approche cognitive est la plus cohérente si elle englobe l'ensemble des phénomènes et processus mentaux.
Les sciences cognitives ne sont pas seulement dès lors les sciences de la cognition.
Les modes de relation au monde dans leur totalité sont pris en considération tant en ce qui concerne les processus de perception que de décision que d'action.
Rien n'existe pour nous que ce que notre cerveau est capable de prendre en charge consciemment ou inconsciemment pour notre Moi.
C'est un point de vue radicalement moniste mais l'état de la sciences autant que le rasoir d'Okham ne laisse plus de place à un point de vue dualiste corps/esprit « cartesien »
L'humanologie trouve donc sa puissance explicative et sa justification dans le développement fulgurant des neurosciences de ces trente dernières années.
Pourtant une vulgarisation trop hâtive et approximative de ces apports risque de générer des dérives peu rigoureuses qu'il devient indispensable de recadrer avec une fermeté épistémologique stricte.